Très endommagée pendant la deuxième guerre mondiale, la Villa est en piètre état lorsqu'à la mort de Madame Hudson, en 1950, Monsieur Joseph Fissore rachète la maison. Après leur mariage, les Fissore entreprennent de grands travaux de restauration, créent une piscine et remettent en état le jardin qui était resté à l'abandon.
En 1993, une Société Anonyme Monégasque rachète la Villa à la famille Fissore. Elle sera revendue deux ans après à l'État Monégasque. Il est décidé en 2008 de la dédier au Nouveau Musée National de Monaco.
La Villa Paloma reste une des plus belles demeures patriciennes de la Principauté. Si nous ne savons pas avec exactitude la date de sa création, le jardin de la Villa fut confié à Octave Godard, le plus talentueux des élèves du célèbre paysagiste Edouard André (1840-1911). Il y réalisa un des jardins "à l'antique" dont il s'était fait une spécialité. Les vitraux du grand hall d'entrée furent réalisés par le Maître Verrier Fassi Cadet de Nice.
LE PARTI D'AMÉNAGEMENT DE LA VILLA PALOMA
PAR RENAUD PIERARD, ARCHITECTE MUSÉOGRAPHEVitrail de la Villa Paloma crédit photo NMNM par Adrien Missika
La Villa Paloma transformée en Musée National se devait de conserver son aspect originel au coeur d'un jardin en balcon sur la ville ; pour autant sa nouvelle fonction bouleverse toutes les pratiques d'usage du lieu d'origine. Ainsi l'accueil initial placé au niveau médian du bâtiment dans une situation d'extrême proximité avec les nuisances de la rue ne pouvait plus répondre au scénario d'accès voulu pour un tel musée, un scénario qui offre au visiteur le temps nécessaire à la décompression pour le placer dans une situation de sérénité et d'ouverture d'esprit propice à la visite.
Dès lors l'accès par le jardin s'imposait et l'entrée dans le bâtiment trouvait place au niveau le plus bas occupé par d'anciens locaux de service. Libérés de tout cloisonnement secondaire, les quatre niveaux de la Villa, distribués par le grand escalier qu'il a fallu néanmoins prolonger jusqu'au rez-de-jardin, abandonnent leur aspect trop domestique pour acquérir des volumes plus dépouillés et propices à la présentation des oeuvres.
L'âme intérieure de la Villa n'a pas pour autant disparu. Elle trouve place dans la conservation des décors du grand escalier, ses vitraux, ses mosaïques, ses colonnes, ses corniches en plafond. Elle se retrouve aussi dans l'attention portée au maintien de certains regards vers l'extérieur : ainsi dans chaque salle d'exposition, deux fenêtres, même bridées dans leur dimensionnement pour maintenir un maximum de surface d'accrochage, permettent de conserver le charme d'un éclairage naturel et de toujours ressentir la Villa dans son environnement.
Il a fallu bien évidemment apporter la technicité nécessaire à la présentation et la conservation des oeuvres sans défigurer les volumes intérieurs déjà très bas de plafond. Ainsi les planchers de la Villa ont été renforcés, les façades fortement isolées, tous les châssis vitrés rendus isolants et à coupure thermique, les murs intérieurs doublés d'une peau propice à l'accrochage des oeuvres, la distribution de l'air climatisé dissimulée dans l'épaisseur des parois et les appareils d'éclairage choisis pour leur performance et leur faible encombrement pour être dissimulés dans les plafonds. Les salles d'exposition prennent alors l'aspect de volumes dépouillés, habillés d'un blanc presque pur où seules les oeuvres exposées font relief.
Tous les espaces de la Villa sont accessibles au public et consacrés aux expositions. Les locaux techniques et de logistique ont alors trouvé place dans une extension souterraine réalisée en lieu et place de l'ancienne piscine et dont le toit constitue aujourd'hui le parvis d'accès au musée. Cela ne suffisant pas, et après avoir caressé l'idée d'une extension contemporaine marquante en lieu et place du bâtiment de services annexé depuis l'origine à la Villa, il nous a été demandé d'investir ce dernier en conservant son gabarit et son aspect général. Le jardin constitue l'écrin de la Villa ; nous lui avons conservé son aspect de jardin italien en balcon sur la ville et la mer, nous attachant à maintenir la végétation existante et à créer des liens avec le Parc Princesse Antoinette et le Musée d'Anthropologie.
Quelques chiffres
Surfaces existantes à l'origine
640 m2
Surfaces du nouveau musée
875 m2
Les acteurs
Maitrise d'ouvrage
Leonardo Perez, chef de projet
Maitrise d'oeuvre
Alexis Blanchi, architecte
Avec
Antoine Tain, directeur des travaux
Véronique Viale, paysagiste
Renaud Piérard, architecte muséographe
Philippe Michel, éclairagiste
Béatrice Fichet, graphiste